Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851

Notices individuelles

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Rouchon - Léonard Michel Adrien
Numéro d’ordre : 23338 - Numéro de dossier : 1

Informations personnelles

Lieu de naissance : Bourganeuf Creuse
Âge : 46 ans
Statut conjugal : Marié 5 enfant(s)
Domicile : Bourganeuf, Creuse
Profession : Notaire
Type d’activité : Professions libérales
Secteur : Professions libérales

Décisions des commissions mixtes départementales et des commissions militaires de Paris

Décision de la commission mixte Creuse : Algérie plus

Observations en liste générale : Homme exalté. Exerçant une influence funeste sur la classe ouvrière de Bourganeuf. Regardé par elle comme le républicain du meilleur conseil. Présidait les réunions insurgées. A prêté serment à la cause révolutionnaire. A fait une collecte pour payer le voyage des insurgés à Limoges. Envoya des émissaires soulever les communes voisines. Excitation à prendre les armes. Accepta les fonctions d'adjoint. Bons antécédents. Fortune de 100 à 150 000 f.
Motifs et observations dans l’État de la commission mixte : "Le 3 décembre, lorsque le courrier a apporté de Bourganeuf la nouvelle des événements accomplis à Paris par l'acte du 2 décembre, le parti démagogique s'agite. Les ouvriers quittent leurs ateliers, les hommes les plus exaltés se groupent autour de Rouchon. C'est lui qu'on consulte et qui inspire le parti, lui qu'on regarde comme le meilleur républicain et l'homme du meilleur conseil (suivant l'expression de l'inculpé Mourrier). Une réunion est décidée, le pont de Rogour est choisi, c'est un lieu retiré et profond, sur la route de Bourganeuf à Limoges, à l'abri de la surveillance de l'autorité. La réunion se compose de plus de 100 personnes. Rouchon préside. Il y a unanimité pour aller s'entendre avec les démagogues de Limoges. Puteau, et Mourrier qui connaît à Limoges le comité présidé par Patapy, avoué dans cette ville et l'un des chefs du parti démagogique, sont désignés. Rouchon leur remet le produit d'une collecte faite pour payer les frais du voyage. Il y a contribué lui-même pour 10 francs. Il prête le serment proposé par Laurent Le Brasseur, de se considérer tous comme solidairement engagés.
Les délégués devaient revenir le lendemain, ils ne revinrent pas. Les amis de Putaud s'inquiètent. Rouchon envoie à sa femme une somme de 50 francs, nécessaire à son commerce. Les délégués arrivent enfin le 5 entre 7 et 8 heures du matin. Rouchon est prévenu. Une seconde réunion a lieu au café Louis. Elle se compose de plus de 50 personnes, l'inculpé Constant qui est revenu de Limoges avec Putaud et Mourrier, propose d'envoyer des délégués dans les campagnes pour soulever les paysans. Rouchon adhère à cette proposition, il désigne lui-même les émissaires, les frères Moreau, Leguet, Bordes, Soulié pour la commune de Saint-Dizier, Coq pour celle de Pontarion et Sardant. Il dit à celui-ci qu'il faut faire revenir à Bourganeuf le soir même les habitants du canton; que ceux qui ont des armes doivent les prendre et que pour accélérer le mouvement on sonnera le tocsin. L'inculpé Eyragne affirme que c'est encore lui qui l'engage à écrire à Mourneau du Monteil-le-Vicomte de venir et d'amener son monde. Dans cette réunion une administration provisoire est organisée. Eyragne est nommé Maire, Rouchon doit administrer avec le titre d'adjoint. Dans la journée une troisième réunion peu nombreuse a lieu chez Rouchon.
Constant y propose ses plans. Il reçoit le commandement des bandes de paysans qui sont attendues : on désarmera la gendarmerie en l'entourant d'une masse imposante.
Constant affirme que Rouchon a approuvé des plans, mais, ajoute-t-il, il était facile de reconnaître qu'on aurait préféré le succès sans avoir les chances du combat. Tous avaient eu la résolution d'agir et s'étaient entendus sur le mouvement, ajoute-t-il, mais au moment de l'action le courage faillissait.
En effet, dans la soirée, en présence des précautions prises par l'administration, de l'attitude énergique de la gendarmerie et des bons citoyens, le découragement s'empare de Rouchon et de ses amis.
Cependant les paysans ont obéi à l'appel; des bandes armées de fusils, de sabres, de faux, de pieux arrivent de Saint-Dizier, du Monteil-le-Vicomte, de Saint-Hilaire. Une de ces bandes se compose de plus de 150 personnes.
Sardant et le canton de Pontarion s'agitent. Déjà un certain nombre de paysans sont entrés dans la ville, les gendarmes les repoussent et les dispersent. La frayeur de Rouchon augmente. Il emploie ses efforts à renvoyer les hommes qu'il a appelés. Il dit à l'inculpé Moreau, le tailleur : ""nous sommes trahis, vendus, il faut fuir"".
Cet inculpé nie dans ses interrogatoires toute participation criminelle à l'attentat de Bourganeuf. Il a prétendu que son intervention n'avait été inspirée que par le désir d'éviter à la ville de grands malheurs. Mais dans ses mémoires justificatifs dont la commission a pris connaissance, il est obligé de reconnaître qu'au café Louis, ""il a été décidé qu'on ferait un appel aux habitants des campagnes"", il ajoute qu'il a fait ses efforts pour déjouer les effets désastreux de la ""folle entreprise"" qui se préparait, mais les déclarations de ses co-accusés, confirmées par des témoignages dignes de foi, faites soit à Limoges, soit à Bourganeuf, répétés dans de nombreuses confrontations ne permettent aucun doute sur sa participation active et criminelle à ce complot dont il reconnaît l'existence, à cette ""folle entreprise"" qu'il abandonnait seulement lorsque la réussite paraissait impossible.
Cet inculpé a de bons antécédents, il s'était placé dans les derniers temps à la tête du parti socialiste. (Procès-verbal des décisions de la Commission mixte du département de la Creuse, SHD, 7 J 69)"

Grâces et commutations de peine

Grâce accordée par le chef de l’État :
Expulsion le 28/03/1852
Autorisé à rentrer à son domicile le 18/12/1852

Sources

Liste générale : Archives nationales F/7/*/2594 Dossiers de grâce : BB/22/142
Remarques de l’auteur de la base de données :
"Le décret de grâce du 28/03/1852 expose les motifs de la clémence, préfet de la Creuse et procureur de la République s'accordant sur l'expulsion définitive du territoire comme ""la dernière limite possible de l'indulgence"", le comité des grâces politiques ""pénétré de l'indispensable nécessité d'une répression exemplaire vis-à-vis d'un homme que son rang, sa fortune et ses fonctions devaient tenir éloigné de tout complot, et qui au contraire, a abusé de ces avantages pour entraîner à la révolte des populations ignorantes et crédules, a exprimé le voeu que la proposition de M. le Préfet de la Creuse ne fût accueillie que sous la condition pour l'impétrant de se rendre en Amérique"" (A.N. BB/30/481)."




Réalisation de la base de données : Jean-Claude Farcy ✝ Programmation web : Rosine Fry (2013) puis Morgane Valageas (2018) Hébergement : LIR3S-UMR 7366 CNRS uB
Référence électronique : Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013 (adresse http://tristan.u-bourgogne.fr/Inculpes/WEB/1848_Index.html) puis le 20 juillet 2018, URL : http://poursuivis-decembre-1851.fr/index.php