Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851

Notices individuelles

CLIQUER ICI POUR EXPORTER LA FICHE

Carion - Jules Antoine
Numéro d’ordre : 5455 - Numéro de dossier : 3

Informations personnelles

Lieu de naissance : Dijon Côte-d’Or
Âge : 37 ans
Statut conjugal : Veuf 1 enfant(s)
Domicile : Dijon, Côte-d’Or
Profession : Négociant
Type d’activité : Négoce
Secteur : Commerce

Décisions des commissions mixtes départementales et des commissions militaires de Paris

Décision de la commission mixte Côte-d’Or : Algérie plus

Observations en liste générale : Chef du parti démagogique. Ambitieux. Ex sous commissaire du Gouvernement provisoire à Beaune. Orateur de club. Membre de la Solidarité républicaine. Arrêté dans une imprimerie à Dijon au moment où il voulait faire imprimer une protestation et un appel au peuple.
Motifs et observations dans l’État de la commission mixte : "Chef du parti démagogique. Ambitieux. A été sous commissaire du Gouvernement provisoire à Beaune. A remplacé James Demontry provisoirement lorsque celui-ci a été envoyé à Besançon. Fortune très compromise. Orateur de club. Violent et énergique. Avait été nommé préfet de la Haute-Saône d'où il a été repoussé par la population de Vesoul. Membre de la Solidarité républicaine.
Arrêté dans une imprimerie à Dijon avec une douzaine d'anarchistes qui voulaient faire imprimer, le 3 décembre, une protestation et un appel au peuple. (Procès-verbal des décisions de la Commission mixte du département de la Côte-d'Or, A.N., BB/30/400)
Notice judiciaire n° 2 :
Fils d'un chef de bataillon en retraite, Jules Carion a reçu quelque éducation; il a été prote d'imprimerie pendant plusieurs années à Paris. Revenu en 1838 à Dijon il a ouvert avec son frère un magasin de nouveautés. Sa situation commerciale passe pour embarrassée. Dès 1838 il était lié avec tous les radicaux, mais n'occupait au milieu d'eux qu'une place secondaire. En 1847, au mois de novembre, il fut un des organisateurs du banquet réformiste où Ledru-Rollin et Louis Blanc vinrent donner le mot d'ordre aux chefs de la démagogie locale. A la révolution de 1848, il faisait partie des comités révolutionnaires qui s'emparèrent violemment des pouvoirs à la préfecture et à la mairie. Il devint successivement, sous commissaire du gouvernement provisoire à Beaune, représentant du commissaire général dans la Côte-d'Or, et enfin préfet de la Haute-Saône. Mais à l'avènement d'un gouvernement régulier, son ignorance profonde de l'administration ne permit pas de la conserver plus longtemps. Il fut ainsi rendu à son rôle de tribun et de révolutionnaire, et trouva libre la direction de son parti, les anciens chefs ayant alors quitté Dijon. Il devint le représentant de James Demontry auprès de la démocratie dijonnaise et le remplaça enfin après sa mort. Il est ici l'intermédiaire entre les hommes les plus élevés du parti à Paris et à Lyon et les chefs secondaires de la Bourgogne. Il tient la tête du mouvement démagogique dans la Côte-d'Or et figure le premier dans toutes les manifestations, qu'il s'agisse des banquets, des souscriptions, de mots d'ordre à transmettre, c'est toujours lui qui est chargé de donner la première impulsion. En janvier 1849, il était président du comité de la Solidarité républicaine et prenait, en cette qualité, des mesures pour favoriser l'émeute parisienne du 29 de ce mois. Il figurait au congrès démocratique de Mâcon dont il a été question dans le procès du complot de Lyon. Son interrogatoire, à cette époque, établit qu'il en est revenu avec Michel (de Bourges) et que celui-ci a été son hôte. Sa participation à la création des divers organes de la presse démocratique successivement condamnés à Dijon, l'impulsion imprimée par lui aux différentes souscriptions politiques, le soin même qu'il a pris de ne jamais conserver sur lui sa nombreuse correspondance avec les hommes du parti, enfin son attitude en toutes circonstances le signalent pour ce qu'il est notoirement, c'est-à-dire pour le chef du parti démagogique à Dijon. En cas de révolution, sa place serait à la Préfecture, but constamment poursuivi par son ambition. Il n'a cependant pas toute la popularité qu'on pourrait croire et dans les triomphes électoraux de son parti, il n'est jamais sorti qu'au dernier rang. Sa probité elle-même a quelquefois été soupçonnée par les démocrates.
Le 3 décembre, dans la journée, Carion accompagné de trois autres personnes, s'est présenté à l'imprimerie de la veuve Noëllat pour mettre au tirage une correspondance de Paris contenant de fausses nouvelles, dont un exemplaire est ci-joint sous la lettre B. Sur le refus de l'imprimeur fait en vertu de la défense de l'autorité, il se retira en annonçant qu'il allait revenir en force. Effectivement, vers trois heures, il reparut accompagné de plusieurs autres individus. Il pénètre dans l'imprimerie, déclare à la veuve Noëllat qu'en cas de besoin il la forcerait par la contrainte à prêter ses presses, et malgré ses refus, il obligea par cette violence morale le prote à composer la correspondance dont il s'agit plus haut. Ces actes furent partagés et appuyés dans cette circonstance par les nommés Soulier, Flasselière fils, Limaux et Dumez.
L'autorité avertie à temps de ce qui passait ainsi en contravention à ses ordres, envoya un commissaire de police avec de la troupe pour les faire respecter et dix individus furent arrêtés dans l'imprimerie. Ce sont ceux qui sont portés en tête du présent état. Carion avait sur lui des armes prohibées.
Carion, ainsi que Flasselière, Limaux et Dumez qui l'accompagnaient au moment de son arrestation ne sont judiciairement prévenus que de délits assez peu graves par eux-mêmes. Ils n'avaient pas encore eu le temps d'agir et cependant il est impossible de ne pas les considérer comme étant les chefs du complot évidemment organisé pour amener un soulèvement dans la Côte-d'Or. Depuis longtemps il existe notoirement à Dijon un comité montagnard en possession de diriger les actes du parti, dans les temps calmes comme dans les moments de crise. Carion, depuis le départ de James Demontry, en était le chef principal et ne s'en cachait pas. En janvier 1849, en sa qualité de Président du comité de la Solidarité républicaine, il en organisait les comités dans les autres arrondissements et Flasselière l'y aidait en sa qualité de secrétaire. Plus tard, ce comité manifesta encore son existence, c'est ainsi qu'au mois d'octobre dernier une lettre anonyme, mais rédigée en son nom, était adressée au maire de Chaignai pour l'inviter à suivre l'exemple des bons républicains et à se démettre de ses fonctions municipales. Cette lettre a été récemment saisie et une copie en est ci-jointe. Plus récemment encore, l'information a recueilli les fragments d'une lettre écrite par le nommé Prud'hon, l'un des inculpés actuellement détenus, sous la date du 4 décembre et par laquelle faisant évidemment allusion à l'arrestation de Carion et autres opérée la veille, il disait au destinataire, le nommé Leclerc de Paris ""le comité a été arrêté hier"".
Le 4 décembre quand se formèrent à Chenove et à Arcelot les rassemblements destinés à envahir Dijon, leurs chefs y étaient partis de cette ville ou bien étaient venus y prendre le mot d'ordre. La veille, Soulier, l'un des personnages importants du parti dans l'arrondissement de Beaune, était également accouru. Il accompagnait Carion et fut arrêté avec lui. Deux jours après, c'était Coquet, ancien membre du comité de solidarité républicaine à Dijon, c'était Tisserandot, tous deux amis intimes de Carion et en relations journalières avec lui qui partaient de Dijon et allaient à Beaune y allumer l'incendie révolutionnaire. Quand on rapproche tous ces indices significatifs, on reste convaincu que le comité de la Solidarité républicaine de 1849 était, sauf les modifications le temps avait pu apporter dans son personnel, resté le comité directeur du parti pour toute département et que Carion, Flasselière, Coquet en étaient certainement les principaux membres. Suivant toute apparence, Limaux et Dumez devaient en faire aussi partie ou du moins lui donner leurs conseils."

Grâces et commutations de peine

Sources

Liste générale : Archives nationales F/7/*/2589
Dossier de pension : Archives nationales F/15/4007




Réalisation de la base de données : Jean-Claude Farcy ✝ Programmation web : Rosine Fry (2013) puis Morgane Valageas (2018) Hébergement : LIR3S-UMR 7366 CNRS uB
Référence électronique : Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013 (adresse http://tristan.u-bourgogne.fr/Inculpes/WEB/1848_Index.html) puis le 20 juillet 2018, URL : http://poursuivis-decembre-1851.fr/index.php