Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851

Notices individuelles

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Jourd'heuil - Augustin
Numéro d’ordre : 14728 - Numéro de dossier : 27

Informations personnelles

Lieu de naissance : Brennes Marne (Haute)
Âge : 36 ans
Statut conjugal : Marié 1 enfant(s)
Domicile : Châtillon-sur-Seine, Côte-d’Or
Profession : Cafetier
Type d’activité : Aliments [Commerce]
Secteur : Commerce

Décisions des commissions mixtes départementales et des commissions militaires de Paris

Décision de la commission mixte Côte-d’Or : Algérie moins
Transporté en Algérie à Douéra, province : Alger

Observations en liste générale : Ardent démagogue. A harangué la foule avec violence et a terminé en prononçant la mise hors la loi du Président et des autorités. Son café était le rendez-vous des socialistes. Incapable de faire le mal, dit-on.
Motifs et observations dans l’État de la commission mixte : "Ardent démagogue. A harangué la foule avec violence et a terminé en prononçant la mise hors la loi du Président et des autorités. Son café était le rendez-vous des socialistes. Honnête homme, incapable de faire le mal, dit-on. (Procès-verbal des décisions de la Commission mixte du département de la Côte-d'Or, A.N., BB/30/400) Notice judiciaire n° 27. Cet individu n'a pris part, ostensiblement du moins, à l'agitation politique, qu'à partir de la révolution de Février. Son café a été depuis cette époque le rendez-vous habituel des démagogues et c'est là que Joigneaux a commencé à propager les doctrines qu'il a plus tard développées dans sa Feuille du village. La femme de Jourd'heuil aurait, dit-on, entretenu avec cet ex représentant des relations intimes et l'exaltation qu'elle a manifestée a beaucoup contribué à augmenter celle de son mari. Avec beaucoup de décision dans l'esprit, beaucoup d'empire sur lui-même, une intelligence assez vive, il était avant l'arrivée d'Ivory à Chatillon l'homme le plus influent et le plus redouté de la démagogie de l'arrondissement. Sa position de fortune est fort compromise et les dépenses considérables que lui imposent les consommations fraternelles ont absorbé presque complètement ses bénéfices. Sa moralité n'est pas attaquée cependant; la part qu'on lui a vu prendre à toutes les menées de son parti, son attitude le 3 décembre, la violence réfléchie de ses paroles et de ses actes, l'influence extrême que sa femme exerce sur lui, sa participation incontestable aux convoitises des sociétés secrètes, tout le désigne comme l'un de ceux pour lesquels la justice doit être sans indulgence et sans espérance de retour au bien. Rentrant à Chatillon, il reprendrait promptement les fils de ses relations passées et reconstituerait avec plus d'ardeur sans doute cette ligue de la révolution aujourd'hui sans guide et sans courage. Le café que Jourd'heuil tient à Chatillon était le rendez-vous ordinaire des hommes du parti démagogique. Ils s'y réunirent en grand nombre dans la matinée du 3 décembre. A neuf heures le commissaire de police fut chargé de prévenir Jourd'heuil que s'il tolérait, dans son café, des réunions politiques, l'autorité les ferait fermer. Jourd'heuil répondit que son café était ouvert à tout le monde, que non seulement il y tolérait des réunions politiques, mais qu'il les favorisait et y prendrait part, puis il ajouta : ""il n'y a pas d'autre pouvoir que celui de l'assemblée législative; le pouvoir de M. Louis Bonaparte n'est rien, vous ne devriez pas y obéir. Depuis huit mois, il n'y a plus à Châtillon de conseil municipal, son mandat est expiré"".
Jourd'heuil était à la tête de ceux qui, sortant de son café, ont envahi la mairie entre onze heures et midi. Ce fut lui qui, adressant la parole à M. l'adjoint Degoy, son beau-père, lui demanda communication de la proclamation du Président de la République, il fit la même demande à M. Couvreuse, 1er adjoint et ensuite il ajouta en s'adressant à lui : ""est-ce que vous soutiendrez le gouvernement d'un usurpateur ?"", et comme on lui disait qu'on maintiendrait l'ordre, il s'écria qu'il ne reconnaissait aucune autorité aux fonctionnaires que lui et les siens autant qu'eux. Puis, s'adressant à tous les membres de l'administration, il leur dit : ""vous êtes tous hors la loi"".
On voulut arrêter Lambert qui se signalait par son exaltation. Jourd'heuil s'écria qu'il ne serait pas arrêté et il fut en effet arraché des mains de l'officier de gendarmerie et d'un agent de police.
Lorsque la salle de la mairie fut enfin évacuée, Jourd'heuil resta sur le perron de l'hôtel de ville et lorsqu'on eut donné lecture de la proclamation du Président, il prit des mains de Chevalier une brochure, lut l'art. 68 de la Constitution, puis il adressa à la foule une allocution violente dans laquelle il engageait à résister aux autorités qu'il considérait comme n'existant plus par suite de la violation de la constitution. Il termina en prononçant la mise hors la loi des autorités et du Président de la République.
Jourd'heuil faisait partie de la députation qui se rendit le soir vers cinq heures à la mairie et jusqu'à dix heures son café resta le centre et le foyer des idées de désordre.
Jourd'heuil convient de tous les faits à sa charge et il prétend que la constitution ayant été violée, l'art. 68 qui remet le peuple dans le plénitude de ses droits l'autorisait à faire ce qu'il a fait."

Grâces et commutations de peine

Grâce accordée par le chef de l’État :
Expulsion le 23/04/1852

Sources

Liste générale : Archives nationales F/7/*/2591 Dossiers de grâce : BB/30/475 BB/22/131/2
Dossier de pension : Archives nationales F/15/4007
Remarques de l’auteur de la base de données :
Né à Valpelle (Haute Marne) selon le registre des transportés en Algérie (A.N. F/7/2587).




Réalisation de la base de données : Jean-Claude Farcy ✝ Programmation web : Rosine Fry (2013) puis Morgane Valageas (2018) Hébergement : LIR3S-UMR 7366 CNRS uB
Référence électronique : Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013 (adresse http://tristan.u-bourgogne.fr/Inculpes/WEB/1848_Index.html) puis le 20 juillet 2018, URL : http://poursuivis-decembre-1851.fr/index.php